Il est la figure adorée, le guide du peuple. Le culte de la personnalité est de mise dans cette Fédération gouvernée par l'autorité suprême, le parti, dont il est le leader. L'homme a gravi les échelons soigneusement, jusqu'à arriver au pouvoir il y a dix ans - à un âge particulièrement jeune, il faut le dire. Selon les sondages, l'opinion publique l'adore. Qui s'occupe des sondages ? Les mêmes qui gèrent la propagande, bien entendu. Yazhu est certainement l'homme à la tête du plus gros empire qui soit, en terme de population et de superficie du moins. Il est aussi le premier, et le seul, à avoir déclaré la guerre aux sorciers. L'ordre de mettre en marche les massacres vient directement de lui et il n'ignore pas que depuis, il est devenu une cible.

Lei a toujours été un proche confident de Yazhu et l'ancien numéro 2 du parti. Peut-être aurait-il pu devenir président, si les choses s'étaient passées légèrement autrement. Mais il n'en tire pas vraiment d'amertume : il a pris un chemin un peu différent, notamment au sein de la Ligue, qu'il a intégré il y a plus de dix ans. Lui-même peinait à croire à l'existence des sorciers avant que la vérité n'éclate, et ce malgré ce qu'il avait pu voir dans les locaux de la Ligue. Il n'est arrivé à la tête de cette dernière qu'il y a an et demi, lorsque l'ancien directeur de la Ligue fut mystérieusement assassiné. Au gouvernement, seul Yazhu sait qu'il est le directeur de la Ligue ; on verrait certainement d'un très mauvais oeil que le président subisse une influence aussi forte. Lei compte bien remplir les objectifs de la Ligue, à savoir exterminer les sorciers jusqu'au dernier en étendant son pouvoir par delà les frontières de la Fédération Chinoise.

Zhihao est étonnament discret, pour un homme d'affaires chevronné. On entend assez peu parler de lui dans les médias et pour cause, il préfère marquer l'esprit des diplomates qu'il rencontre plutôt que les journaux. Ce n'est pas dans les habitudes de la Fédération, certes, mais Yazhu le tolère car il connaît la valeur de Zhihao : rares sont les négociateurs aussi doués. Depuis qu'il est à son poste, les relations internationales sont au beau fixe - hormis avec l'Afrique Sorcière Unie, bien entendu, puisque la Fédération leur a déclaré la guerre. D'ailleurs, pour ce qui est des non-sorciers, Zhihao suit bien entendu les directives de son président. Jusqu'à il y a peu, ce n'était pas bien compliqué, bien qu'il n'ait jamais eut de raison particulière de détester les sorciers. Mais un événement a totalement changé la donne pour Zhihao. Sa fille, âgée de sept ans, s'est mise à faire voler son jouet sous ses yeux. Sous le choc, il tente depuis de cacher les signes évidents que sa fille est une sorcière. La mère de celle-ci est morte il y a des années, et Zhihao n'a plus que cette enfant qui est la prunelle de ses yeux - hors de question qu'elle soit assassinée au nom d'une guerre absurde.

Jin a rapidement compris que l'entreprise pharmaceutique familiale, Tianyu Pharm, n'est pas à tout fait ce qu'il y paraît ; elle cache en vérité les activités de la Ligue dans la grande majorité de ses laboratoires. En retour, c'est la Ligue qui les a financé et leur a permis de faire fortune. Son père a rapidement poussé Jin à prendre des responsabilités au sein de l'entreprise, et si au début il n'était pas franchement motivé, c'est la possibilité de travailler pour la Ligue qui l'a finalement motivé. Car Jin voue une fascination presque malsaine à la magie et aux sorciers - bien sûr, il ne le crie pas sur tous les toits. Faire partie de la Ligue lui permet d'assouvir cette passion, même si pour cela il doit gérer les affaires financières de Tianyu Pharm et de la Ligue, et parfois assister aux exactions de cette dernière. Après tout, les sorciers ne sont pas tout à fait humains, songe-t-il naïvement pour se rassurer.

Il n'y a pas de véritable leader à Séoul, puisque la cité, et tout le pays, est une zone de non-droit absolu. Mais il y a bien une personnalité dont le nom est sur toutes les lèvres, et dont on parle avec un grand respect. La pionnière de Séoul, celle qui a trouvé les mots pour rassembler assez d'hommes sans foi ni loi, et les motiver à construire le dôme au dessus de Séoul. À transformer ses allées de tentes en échoppes de brique. Qu'on ne se détrompe pas : Hana Moon Jo n'est pas une enfant de cœur, loin de là. C'est à elle qu'on rend des comptes dans bien des cas, d'elle dont il faut se méfier si l'on vient se faire un peu trop d'argent à Séoul sans lui glisser quelques billets. Mais c'est également auprès d'elle qu'on vient se plaindre, et c'est elle qui règle les gros problèmes. Beaucoup l’appellent « la Guide ». Beaucoup n'ont jamais vu son visage ; tous ont déjà vu passer sa garde, qui n'est composée que de femmes. Personne ne sait qu'elle est sorcière et animagus. À sa manière, elle fait la pluie et le beau temps, dans une cité qui ne tolère pourtant pas grand chose d'autre que le chaos.