Quelques semaines plus tôt, le Président de la Ligue avait convoqué son cher secrétaire, Jin Tianyu, dans son bureau. Malgré certaines appréhensions de celui-ci, c'était pour lui annoncer une bonne nouvelle : il avait la chance d'avoir été choisi pour participer à l'une des missions les plus importantes à venir, l'attaque de Mahoutokoro. Or, si le Tianyu était ravi d’assister à la récolte des fruits du travail de la Ligue, il devait avouer qu’il n’était peut-être pas des plus enchantés à l’idée d’être envoyé sur le terrain ; en tant que secrétaire, il se voyait mal prendre la place d’assassins bien plus entraînés que lui pour une mission aussi importante. Il n’avait pas tellement eu le choix en revanche, ce qui faisait qu’il se retrouvait à l’heure qu’il était aux côtés de Kiran Nagarkar, chef de la Milice de la Ligue, appareillé dans la même tenue, mais se sentant bien moins à l’aise dedans. Le silence était presque assourdissant entre les deux, et malgré son statut de supérieur, Jin se sentait bien moins convainquant dans son rôle que Kiran, qui ne manquait pas de lui rappeler. La Ligue avait déployé le meilleur de son arsenal, bien décidée à anéantir une bonne fois pour toutes Mahoutokoro, qui représentait les dernières brindilles d’une vie sorcière dont la Fédération Chinoise ne voulait pas. Et Jin en était responsable – du moins, officiellement parlant. Dans les faits, il comptait rester en arrière plan, dirigeant tout ce qu’il le pouvait à l’aide des meilleurs conseillers de la Milice depuis leur arsenal de renforts, pendant que les vrais soldats – comme Kiran – s’occupaient du sale boulot dangereux à sa place. Dans les faits, il n’était pas sûr qu’on le laisse s’en sortir de la sorte, mais il espérait retarder ce moment aussi longtemps que possible. Dans d’autres contextes, peut-être que le Nagarkar et lui auraient échangé quelques banalités adaptées à la situation à leur arrivée, mais au vu des choses, aucun des deux hommes ne jugea bon prendre la parole. Ils avaient mieux à faire, en fin des comptes.